Conseil municipal du 26 mai 2025
Rapport 2025-91 – Compte administratif 2024
Intervention commune aux groupes de la majorité par Frédéric Vermeulin
Madame la Première Adjointe, chers collègues,
Certes, nous aurons le budget 2026 à approuver en décembre, mais ce compte administratif 2024 est la dernière occasion qui nous est donnée, pendant ce mandat, de regarder une année d’exécution complète de notre gestion.
Cet instantané présente des particularités qui le rendent plus ou moins comparable à ceux des années précédentes. Ici, les opérations liées aux Gratte-Ciel affectent la lecture du bilan financier. En 2020 et 2021, c’était le COVID. En 2022, c’était Capitale Française de la Culture. En 2023 puis 2024, la crise inflationniste s’est invitée dans nos finances. Finalement, chaque exercice budgétaire est fait d’obstacles parfois imprévus et de circonstances souvent exceptionnelles.
Pourtant la situation financière présentée aujourd’hui est saine.
Depuis 2020, les aléas ont été surmontés et les coups durs ne nous ont pas mis sur la paille.
En 2024, nos dépenses ont augmenté, et nos recettes ont augmenté encore plus. Avec 163 millions d’euros de dépenses de fonctionnement et 211 millions de recettes de fonctionnement, nous avons donc généré de l’épargne. Générer de l’épargne, c’est bien, mais cela n’a jamais été une fin en soi. L’épargne est un des leviers pour financer les investissements. Et l’année 2024 est désormais le nouveau « record » en termes d’investissement, avec 88,2 M€.
Commençons par l’investissement donc.
Disons-le tout de suite : il n’y a pas de « course aux investissements ». D’ailleurs, le millésime 2024 sera vraisemblablement un marqueur pour plusieurs années, vu les perspectives d’évolution des finances publiques locales.
Mais il y a d’autres courses que nous assumons de mener :
- La course à la rénovation du patrimoine existant, pour ne pas laisser de dette patrimoniale aux futures équipes ;
- La course à la transition énergétique, par des travaux d’amélioration thermique sur tout le bâti municipal et qui font baisser les coûts d’exploitation ;
- La course à la mise en accessibilité de tous les lieux et équipements recevant du public ;
- La course au rattrapage des manques d’équipements publics, qu’il s’agisse de parcs, d’écoles, de crèches ou d’équipements sportifs. C’est une course de fond que nous avons engagé dès 2020 et avec un volontarisme constant.
Il faudrait ainsi 3 pages pour faire la liste des réalisations sur l’année 2024, dans tous les secteurs de l’action municipale et dans tous les quartiers de la ville.
- Certains projets sont conséquents : construction de l’école Niki-de-Saint-Phalle (8 M€), finalisation du site Boiron-Granger (5,5 M€), aménagement du CCAS et de l’accueil de la mairie (1,8 M€).
- D’autres sont moins onéreux ou moins spectaculaires qu’une construction nouvelle, mais tout aussi essentiels : c’est le cas du traitement thermique de la MJC, inaugurée vendredi dernier, de la mise en accessibilité de plusieurs équipements comme la Maison du citoyen ou des travaux de réfections et d’amélioration dans plus d’une vingtaine de groupes scolaires.
Sur l’investissement, trois chiffres :
- Premier chiffre : 56,4 M€. C’est le montant des dépenses d’équipements en 2024. Cela représente plus de 150 000 € par jour sur une année. Disons-le autrement : nous avons investi 1 € par jour et par habitant pour la construction d’équipements publics.
- Second chiffre : les dépenses consacrées aux travaux ont augmenté de 29 % par rapport à 2023. Puisque le montant voté au budget pour 2025 est légèrement inférieur, c’est bien le signe que le pic des travaux a été atteint en 2024.
- Troisième chiffre : 73 % de nos dépenses d’équipement sont des travaux. On ne pourra pas dire – comme on l’a déjà entendu dans cette assemblée – que les chiffres de l’investissement sont « cachés » derrière des études ou des acquisitions foncières.
D’ailleurs, les études et les acquisitions foncières sont en baisse sur 2024. Rien que de très normal : on lance les études en début de mandat, on fait les travaux en milieu et fin de mandat. La spécificité à Villeurbanne, c’est qu’il n’y avait pas de réserve foncière pour faire atterrir les équipements publics nouveaux. Il a donc fallu des acquisitions, comme cela a été le cas en 2024 pour le Parc aux Hérissons ou pour les « traversières des Gratte-Ciel », qui permettent de trabouler en centre-ville.
Parlons maintenant du fonctionnement courant de la ville.
La hausse de nos dépenses de fonctionnement cache des réalités assez différentes, selon les postes de dépenses.
- D’un côté, on trouve des augmentations de prix subies. L’augmentation des charges générales (+ 24 %, de 28 à 35 M€) est en grande partie liée à l’explosion du prix des fluides, des assurances et des achats de fournitures et de denrées.
L’électricité et le gaz ont augmenté de 132 %, les assurances de 76 %. À eux seuls, les fluides et les assurances représentent 4,5 M€ de dépenses supplémentaires contraintes en une année. C’est de loin la plus grosse partie de l’augmentation de nos charges, atténuées par les investissements d’isolation.
- De l’autre côté, on constate des efforts évidents pour maîtriser les frais de personnel, qui croissent de 5 % « seulement », malgré plusieurs mesures exogènes. Elles augmentent moins rapidement que le total de nos dépenses. Fondamentalement, elles représentent toujours la même part de nos dépenses totales. Il n’y a donc ni révolution dans la structure de nos dépenses, ni hypertrophie de la masse salariale.
En réalité, les mesures nationales et les effets mécaniques font augmenter de 2,5 M€ nos dépenses de personnel, là où les mesures municipales ont été modérées.
Un dernier point sur les dépenses : les budgets consacrés aux « fêtes et cérémonies » et aux « frais de réception » sont en baisse de 5,5 %. Étrangement, on ne nous parle de ces dépenses – au demeurant très anecdotiques dans le budget municipal – que quand elles augmentent. Signalons donc qu’en 2024, elles ont diminué.
Quelques mots sur nos recettes
Principalement pour dire que l’augmentation de la fiscalité décidée successivement par l’État et par la ville en 2024 ne représente qu’une petite partie de nos recettes supplémentaires. La fiscalité locale est en effet le poste de recette qui augmente le moins vite, et représente toujours un peu moins de 70 % de nos recettes totales. Une fois encore, les équilibres ne sont pas bouleversés.
Enfin, quelques mots sur la dette et sur les ratios financiers de notre ville.
Comme nous le répétons depuis 5 ans, nous assumons un recours raisonnable à la dette. Nous le faisons pour financer des investissements qui nous semblent indispensables dès aujourd’hui pour les villeurbannais.
Forcément, les conséquences de l’emprunt font réagir ceux qui y sont allergiques par idéologie. Oui, les charges financières augmentent : elles sont liées à l’augmentation du stock de dette et des taux d’intérêts. Oui, une part de notre investissement est consacrée au remboursement des annuités d’emprunt. Mais c’est le principe de l’emprunt bancaire. C’est un service utile, mais payant. Ne faisons pas semblant de le découvrir ou de nous en alarmer.
L’emprunt en 2024 était finalement de 31 M€, inférieur aux prévisions de décembre 2023. Il faut redire encore et encore que la situation villeurbannaise est excellente du point de vue de la dette :
- Toutes les villes de plus de 150 000 habitants (sauf une) ont un stock de dette supérieur au nôtre. À population équivalente, le Havre et Angers ont 2 fois plus de dette que nous, Saint-Étienne et Grenoble en ont 3 à 4 fois plus.
- De même, toutes les villes de plus 150 000 habitants (sauf une) ont une durée capacité de désendettement très inférieure à la nôtre. Angers et Saint-Étienne sont à plus de 7 années, soit 3,5 fois plus que Villeurbanne.
Après la dette, finissons sur un autre ratio prudentiel : l’autofinancement.
Dans l’orthodoxie budgétaire, c’est le ratio ultime, celui qui représente la capacité de la collectivité à générer de l’excédent par son fonctionnement courant.
C’est, dans les caricatures, le ratio que notre programme municipal et notre plan de mandat devaient forcément abîmer, avec des recrutements nombreux, le recours à la dette et des travaux dans toute la ville.
Rappelons-nous qu’il était en 2019 de 19,5 %.
En 2024, il est de 23 %.
L’autofinancement a donc progressé de plus de trois points en 5 ans. Voilà le véritable tableau financier de l’action municipale depuis 2020 : aucune alarme ne sonne, aucun voyant n’est au rouge.
L’argent public des villeurbannais est objectivement bien géré, comme il l’a toujours été, sans ce que, dans l’intérêt des habitants, ça ne se traduise par une quelconque frilosité politique.
Les cinq groupes de la majorité municipale approuveront bien évidemment ce compte administratif.
Je vous remercie.
Seul le prononcé fait foi.