Culture : la casse régionale

Conseil municipal du 30 mai 2022

Rapport 2022-165 Attribution de subventions à diverses compagnies artistiques et culturelles.
Intervention commune de l’ensemble des groupes de la majorité faite par Sylvie Donati

Monsieur le Maire, cher·es collègues, Mesdames et Messieurs,

Notre assemblée s’apprête à voter l’attribution de subventions à des compagnies œuvrant sur l’ensemble du territoire villeurbannais. Des projets sélectionnés pour leur nouveauté, et je cite « leur capacité à faire rayonner la politique villeurbannaise à l’échelle régionale, voire nationale ». 

Villeurbanne perpétue ses ambitions en matière culturelle, au lendemain d’une crise sanitaire particulièrement éprouvante pour le secteur, et à mi-parcours de l’année Capitale Française de la Culture. 

Il y aurait eu de quoi se réjouir et se féliciter de réaffirmer ainsi le rôle moteur des collectivités locales dans les politiques culturelles, pour toutes les esthétiques, pour tous les quartiers, pour tous les ages. Mais hélas, alors que le secteur tente de retrouver un peu de sérénité et de visibilité après ces 2 années éprouvantes. La Région Auvergne Rhône Alpes et son président Laurent Wauquiez, viennent doucher nos espoirs en annonçant la réduction drastique (parfois totale) de certaines subventions destinées à des structures culturelles souvent situées dans les grands centres urbains régionaux, dont Villeurbanne. 

D’un trait de plume, sans aucune concertation avec les structures bénéficiaires, Laurent Wauquiez et la droite régionale ont mis à sac le délicat travail de nombreuses structures métropolitaines, dont certaines venaient à peine d’annoncer leur prochaine saison. Un fait du Prince regrettable qui peine à cacher ses motivations politiques.

Laurent Wauquiez est effectivement un adepte du chantage à la subvention. Doit-on rappeler qu’à la veille du dernier scrutin régional, celui-ci reconnaissait lui-même la différence de traitement qui était fait entre les territoires selon les scores électoraux réalisés sur place ? Le ton du mandat en cours était donné : Villeurbanne ne verra pas proliférer les fameux panneaux bleus sur ses équipements. Dont acte.

Les masques n’ont ensuite eu de cesse de tomber, lorsque celui-ci a menacé de couper le financement de festivals LGBTQI+ ou plus récemment celui de Sciences Po Grenoble pour une prétendue « dérive idéologique et communautariste ». 

La Loi confère aux Régions des pouvoirs et des moyens considérables pour conduire des politiques publiques ambitieuses et cohérentes, du plus petit village du Cantal au grand centre urbain d’envergure nationale et européenne qu’est la Métropole de Lyon. Laurent Wauquiez a préféré en faire l’instrument de sa bataille idéologique contre tout ce qui serait un tant soit peu avant-gardiste et questionnant. La Région, enfant chérie des dernières réformes territoriales se retrouve rabougrie au rang de monstre froid, cantonnée à son seul pouvoir de nuisance. 

Nous, élu·es d’une ville qui a tant œuvré pour décloisonner la création artistique et culturelle, aurions été les premières et premiers à défendre le rééquilibrage territorial si cela ne servait pas de prétexte à ces coupes sombres et politiciennes. 

Le TNP qui nous fait face en est un écrin par excellence. Une excellence qui irrigue l’ensemble des quartiers de Villeurbanne, et rayonne bien au-delà les limites municipales. Le TNP voit pourtant sa subvention baisser de plus de la moitié. Une baisse de 150 000€ qui impactera aussi toutes les structures dans son sillage, leurs salariés, leurs publics, les établissements scolaires, dont, belle ironie, les lycées de la Métropole… 

Ce que nous propose Laurent Wauquiez s’apparente à un démantèlement de nos fleurons culturels au profit d’un saupoudrage sans autre critère que celui d’être au goût de la droite régionale, toujours plus isolée dans ses obsessions Les plus conservatrices réactionnaires. Toute politique culturelle doit se donner pour but d’émanciper le peuple, en attisant son esprit critique, en défendant une forme d’avant-garde, volontiers subversive, bref, d’interpeller et de susciter la curiosité à l’égard de pratiques nouvelles, parfois minoritaires. Qu’attendre de la part de M. Wauquiez et sa majorité, à part mettre en exergue une culture clientéliste, élitiste, conservatrice, ou l’exaltation d’un passé fantasmé voire d’une histoire falsifiée ?

Moins de culture, plus de propagande : bienvenue en Auvergne Rhône Alpes !

L’augmentation du budget culturel régional demeure un impensé désolant, un comble pour une Région en queue de classement en termes de dépenses par habitants, alors même qu’elle est la deuxième plus riche Région de France. Nous aurions pu pardonner ce manque de hauteur de vue en matière culturelle ; en revanche notre indignation est totale face au sabotage des politiques métropolitaines orchestré par M. Wauquiez. Les moyens des collectivités ne sont pas infinis, et ces dernières ne pourront pas compenser seules ces baisses de subventions alors que les budgets étaient bouclés. Toute une économie se retrouve ainsi menacée. 

Il est probable que nous ne trouvions personne dans ce Conseil municipal pour défendre l’exécutif régional, aucune explication ne nous sera donc donnée ce soir sur les réelles motivations de ce soi-disant rééquilibrage territorial, qui s’apparente plus à un arrosage électoral. Solennellement, nous apportons notre soutien à l’opposition écologiste et de gauche pour faire entendre raison à l’exécutif régional.

L’ensemble des groupes de la majorité condamne avec la plus grande fermeté cette décision incompréhensible qui n’est pas sans lien avec le rapport soumis à l’approbation du Conseil municipal. Pour l’heure, nous nous prononçons en faveur du subventionnement des compagnies qui y sont mentionnées, et réaffirmons avec force notre solidarité avec les structures culturelles publiques.

Seul le prononcé fait foi.


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