Un bien trop long « parcours emploi compétences »…

Conseil municipal du 3 avril 2023

R-2023-79 Convention d’objectifs sur la mise en œuvre du dispositif « parcours emploi compétences » à la Ville de Villeurbanne pour l’année 2023

Intervention de Zémorda Khelifi

Monsieur le Maire, chers collègues,

La Ville de Villeurbanne est engagée depuis plusieurs années dans l’insertion professionnelle en embauchant elle-même via des contrats aidés des personnes éloignées de l’emploi, notamment des des jeunes peu diplômées et des seniors.

Cette délibération qui renouvelle l’engagement de la ville dans le nécessaire accompagnement vers l’emploi de publics éloignés de l’emploi démontre aussi encore à quel point l’insertion professionnelle est un sujet malheureusement inépuisable et terriblement d’actualité. Nous nous félicitons du volontarisme de la ville sur cette question, en particulier en direction des jeunes, qui débouche sur des résultats concrets, comme l’indique le bilan de l’avenant qui nous est présenté. La ville, même au-delà des objectifs dans certains secteurs en tension comme la petite enfance, venant combler en partie les carences d’autres collectivités (pour ne pas la citer : la Région AURA).

Mais profitons de l’actualité sociale pour rappeler une évidence : ces secteurs d’activités propices à l’insertion sont aussi ceux qui accueillent nombre de métiers difficiles. Permettre l’insertion des jeunes n’est possible que si l’on n’installe pas les seniors qui occupent ces métiers dans des carrières longues. La réforme des retraites rejetées par plus de 90 % des salariés n’est pas étrangère au sujet insertion professionnelle, et notamment celle des seniors.

Cette réforme dans la mesure où elle conduit mécaniquement à maintenir plus longtemps en activité des agents exposés à la pénibilité voire des agents déjà en situation d’invalidité est encore plus inappropriée si l’on n’évoque pas les sujets périphériques.

La conséquence de cette réforme sera une hausse de l’absentéisme chez les séniors, hausse dont il faudra prendre en compte le coût et l’impact sur la qualité du service.

Par l’augmentation induite de l’usure professionnelle ou par le maintien en activité d’agents plus exposés, s’opère en réalité un transfert de couverture assurantielle des systèmes de retraites vers ce qui relève de la prévoyance, de surcroît alors que se dessine la réforme de la protection sociale complémentaire dans la Fonction Publique Territoriale.

Pour renforcer les ressources nécessaires à l’accompagnement du maintien à l’emploi face à ces enjeux d’usure professionnelle, il y a nécessité de recettes complémentaires pour les collectivités, pour leur permettre de travailler le volet prévention des risques. Il y a sans doute à travailler aussi à une mutualisation de la mise en œuvre des mobilités et reclassements entre employeurs territoriaux à l’échelle du bassin d’emplois, c’est un sujet que nous abordons souvent au Centre de Gestion du Rhône. Nous savons que le gouvernement ne s’y emploiera pas, car le sujet pénibilité a été le grande oublié de cette Réforme ! Alors employons-nous-y, en tant qu’employeurs publics, pour travailler de concert sur ces sujets.

Par ailleurs, alors que le taux de chômage a baissé en France, celui des seniors ne connaît pas la même tendance car il a lui tendance à stagner depuis cinq ans. Il ne suit pas la courbe de la baisse du chômage constatée dans les autres catégories d’âge. Ce qui accrédite la thèse selon laquelle faute de pouvoir partir à la retraite pour cause de report de l’âge légal, les 55-64 ans devront attendre leur départ en restant au chômage ou en invalidité.

Reporter l’âge de départ à la retraite, c’est donc à la fois allonger la carrière de séniors épuisés ou la durée de leur chômage ET limiter les leviers d’insertion.

Nous voterons évidemment ce rapport.

Je vous remercie.

Seul le prononcé fait foi


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