Conseil municipal du 11 octobre 2021
R-2021-295 Candidature à l’expérimentation Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée pour le quartier des Brosses
R-2021-294 Convention pour la poursuite de l’expérimentation Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée à Saint Jean
R-2021-299 Avenant financier 2021 n°2 à la Convention d’objectifs et de moyens 2020-2022 avec l’association Le Booster de Saint-Jean
Intervention de Pauline Schlosser
Monsieur le Maire, chers collègues, mesdames, messieurs,
Villeurbanne s’inscrit depuis son lancement en 2016 dans l’expérimentation territoriale contre le chômage de longue durée. Une centaine de personnes a été embauchée sur le quartier de Saint-Jean, en CDI à temps choisi. Il s’agit sur un territoire très délimité de mobiliser l’ensemble des acteurs publics, associatifs, privés pour que l’emploi devienne concrètement un droit pour tous.
Un droit et non une obligation car le recrutement se fait sur la base du volontariat et la réalisation de mission en lien avec les compétences, les motivations et le potentiel.
Ce projet fédère toutes les parties prenantes, passant outre les considérations idéologiques. Récemment, Philippe Martinez et Laurent Berger, représentants respectivement de la CGT et de la CFDT sont allés à la rencontre des salariés de 13 Avenir pour appréhender concrètement l’impact de ce projet, sur ce qui fait une société : les femmes et les hommes. Lorsque deux organisations syndicales majeures apportent un soutien net et critique, au sens positif du terme, en manifestant de l’intérêt pour faire évoluer le dispositif : le mot expérimentation prend tout son sens.
Ce dispositif, que nous défendons, est régulièrement attaqué, soi-dit en passant bien plus que le crédit d’impôts pour la compétitivité et l’emploi (le CICE) que l’on contrôle et surveille bien peu.
Faut-il ici rappeler les atouts de Territoire Zéro Chômeurs de Longue Durée ?
- Il s’agit d’abord d’emplois non délocalisables, car ancrés dans un quartier, une ville.
- Il s’agit de création d’emplois, qui ne sont pas en concurrence avec d’autres entreprises.
- Et la grande majorité ces emplois créés sont dans le champ de la transition écologique, avec une empreinte carbone très basse. Des activités qui ont une utilité sociale et écologique et qui sont de ce point de vue innovantes.
- En même temps l’expérimentation Territoire Zéro Chômeur revitalise un quartier, allant jusqu’à pallier le manquement de certains services publics, en reprenant l’activité de La Poste par exemple, comme on l’a vu tout récemment avec Ermerjean à Saint-Jean.
- Mais ils permettent surtout à des personnes qui n’étaient plus dans le circuit de l’emploi de remettre le pied à l’étrier. Comme disait notre sénatrice Raymonde Poncet lors des discussions au Sénat l’automne dernier : « ces dispositifs ont permis de sortir de l’invisibilité des personnes qui échappaient aux radars de Pôle emploi et constituent les cohortes du non-recours aux prestations sociales. »
Candidater pour un deuxième territoire ne signifie pas que nous voyons ces expérimentations comme le modèle à imposer partout tout le temps, ce qui ne serait ni raisonnable ni réaliste.
Ces dispositifs restent des expérimentations qui répondent à des besoins spécifiques territoriaux, qui redonnent confiance et qui revitalisent une activité économique utile. Ils ne remettent pas en cause le droit du travail, ni un travail avec des droits et ils n’empêchent pas de s’attaquer au chômage de masse. Il conviendra également de poursuivre la nécessaire vigilance quant à la non concurrence à d’autres entreprises du secteur ou d’emplois de la fonction publique territoriale. En rappelant sans cesse les principes qui fondent le dispositif : personne n’est inemployable et les besoins à satisfaire sont nombreux et potentiellement créateurs d’emplois.
Aussi, c’est avec enthousiasme, mais aussi lucidité quant aux potentielles évolutions décidées par l’État, que nous avons vu l’expérimentation entrer dans sa 2e phase et que nous soutenons la candidature des Brosses. Nous nous désolons que les presque 120 territoires prêts ne puissent être validés, et qu’il faille faire un choix drastique par manque de moyens mis dans le dispositif. Et nous partageons l’inquiétude, dénoncée en vain par Raymonde Poncet au Sénat et aujourd’hui appuyée par ATD Quart-Monde, à l’origine du projet, à savoir le pilotage du Comité Local pour l’Emploi se fasse directement par l’État au travers du préfet, et non plus par les représentants élus locaux. La décentralisation, dans un dispositif comme celui-ci, reste une des clefs de sa réussite.
Nous validons aussi bien entendu l’avenant à la convention Le Booster de Saint-Jean.
Je vous remercie.
Seul le prononcé fait foi.