Compte administratif 2020

Conseil municipal du 29 mars 2021

R 2021 58 – Compte administratif 2020

Intervention de Jacques Vince

Monsieur l’adjoint aux finances, merci pour ce nouvel exercice pédagogique.

À partir d’une matière des plus techniques, vous avez réussi à présenter une délibération bien plus claire que la stratégie sanitaire du gouvernement. J’associe évidemment les services à nos remerciements pour ce travail de clarification.

Ce compte administratif 2020 clôture l’exercice d’une année tout à fait exceptionnelle et de ce fait, l’analyse s’avère plus difficile à réaliser qu’en année « normale ». C’est tout le paradoxe de cet exercice d’analyse : regarder l’année écoulée et ses différentes contraintes nous pousse à surtout regarder la suite. Plus de dépenses et moins de recettes, c’est une des grandes caractéristiques de l’année marquée par la crise sanitaire!  La hausse des dépenses concerne uniquement le budget de fonctionnement car les dépenses d’investissement ont elles fortement chuté. Et la hausse des dépenses de fonctionnement a bien sûr été nécessaire pour assurer la continuité de service public, dans des conditions difficiles, mais nous voulons saluer là  l’engagement de l’ensemble des agents de notre Ville, mobilisés pour faire face à l’urgence sanitaire et sociale et pour gérer le déconfinement et les adaptations nombreuses et changeantes dans tous nos services. Nous pensons ici tout particulièrement aux personnels fortement mobilisés dans les écoles et les crèches, au gré des injonctions ministérielles et autres protocoles sanitaires fluctuants.

Les dépenses d’investissement, qui augmentaient progressivement depuis plusieurs exercices budgétaires,  ont été réduites de 50 %, car le confinement a bien sûr ralenti l’activité sur l’année. Notons néanmoins quelques réalisations importantes : achèvement de l’école Rosa Parks, du gymnase Alexandra David Neel, de la crèche Helen Keller, des travaux de mise en accessibilité dans des écoles, au centre social de Cyprian, des cheminements piétons (dans l’îlot Galline Salengro et la traversière Rollet-Lafargue), mais  ce compte administratif 2020 compte aussi des restes à réaliser importants dans tous les domaines, écoles et établissements culturels par exemple, évidemment liés aux périodes de confinement.

Au chapitre des dépenses, des  études pour la réhabilitation de patrimoine ou le réaménagement d’espaces ont été reportées mais sont déjà engagées sur 2021 pour plusieurs d’entre elles.

C’est aussi le cas des projets autour de l’alimentation durable. La part des produits bio et locaux dans le total des approvisionnements reste aujourd’hui encore trop modérée. À l’heure où les attentes des familles sont extrêmement fortes dans ce domaine et où de nombreuses collectivités font des pas de géant, nous aimerions avancer plus vite sur un sujet important pour la santé de nos enfants, pour l’environnement et pour faire évoluer l’agriculture vers des pratiques plus durables. Nous connaissons tout le travail engagé par notre cuisine centrale sur cette question de l’approvisionnement et des achats alimentaires durables et nous avons hâte de voir leurs effets et résultats sur le compte administratif de l’année prochaine. Mais nous sommes bien conscients que l’instabilité sanitaire rend plus difficile  des réformes de fond sur ce plan dans la période actuelle.

La crise sanitaire se retrouve en filigrane tout au long de ce compte administratif, et tout particulièrement dans la partie Fonctionnement : 

  • Des baisses de dépenses de fonctionnement (11,3 % sur les charges générales) avec l’annulation de plusieurs évènements, une baisse aussi pour les fluides (quasi 10 %) liée à la fermeture de nombreux bâtiments pendant les périodes de confinement et une baisse des carburants qui s’explique par moins de déplacement. A contrario une hausse des charges de personnel  de 3,58 % et qui s’explique notamment par l’évolution du Glissement Vieillesse Technicité (GVT) de manière classique, par des primes COVID exceptionnelles versées aux agents et des ajustements de création de postes correspondant à l’ouverture de nouveaux équipements ou l’ajustement de fréquentation dans nos services publics (notamment la restauration et le périscolaire).
  • Un 2e volet des dépenses de fonctionnement détaille également  des hausses de dépenses pour des projets et des actions de solidarité qui ont permis à nos concitoyens les plus en difficulté de bénéficier d’une aide exceptionnelle pour traverser cette crise. Notons également des accroissements des fréquences de nettoyage et l’achat de produits spécifiques, notamment à la direction de l’Éducation, liées aux mesures sanitaires renforcées.

Il y a également dans ce compte administratif des évolutions budgétaires qui pèsent lourd et qui pourtant ne sont pas des choix municipaux. Ce sont notamment les contributions obligatoires pour les écoles privées qui augmentent de +77,8 %. En effet, L’extension à 3 ans de l’instruction obligatoire fixée par la loi Blanquer impose aux communes la prise en charge des dépenses des maternelles privées sous contrat. Soit un coût d’un peu plus de  900 000 € pour Villeurbanne ; pour lequel, nous attendons d’ailleurs encore la compensation promise. Nous aurons l’occasion d’en reparler ici mais ce choix politique de l’État coûte cher. En effet, le principal effet de la loi Blanquer est bien un vaste transfert d’argent public vers l’école privée. Le budget 2020 l’estimait à 100 millions à l’échelle nationale et nous le déplorons une nouvelle fois.

Les recettes de gestion courante sont en baisse de -42,6 %, chute pleinement liée à la crise :

  • La diminution des recettes du stationnement en lien avec la première période de confinement et la gratuité de plusieurs mois,
  • La chute de quasi la moitié des redevances d’occupation du domaine public,
  • Les redevances à caractère sportif, notamment celles de l’accès aux piscines, qui baissent de 61 %
  • Les recettes du périscolaire qui baissent de -30,7 % pour 2,74 M€ de recettes (contre presque 4 millions en 2019)

Je pourrais allonger la liste… Chaque service public avec redevance a été fortement impactée et contribue de fait à une baisse globale des recettes de notre collectivité.

2020 : année exceptionnelle pour chacune et chacun et pour la ville, comme pour toutes les communes, dans toute la France et bien au-delà. Chaque service public, chaque projet a été impacté d’une manière ou d’une autre par cette crise inédite.

L’année 2021 n’est encore pas visiblement l’année du rebond. Nous vivons toujours dans les doutes d’une détérioration de la situation et les espoirs d’une sortie de crise sanitaire mais les décisions du gouvernement sont difficiles à suivre dans tous les sens du termes, à comprendre et à respecter même si tous, nous voudrions que tout cela s’arrête : contaminations, confinement, reconfinement, comorbidité, variants… La période post-crise sera nourrie par ce que nous avons tous vécu pendant le premier confinement où le service public de proximité est devenu indispensable et vital, constituant le premier des… essentiels. Ce compte administratif révèle l’ampleur de la crise que nous vivons mais permet également de ré-évaluer ce qui fait sens et vie ensemble. Cette épreuve permet de penser un « retour à la normale » qui ne devra plus l’être en nous projetant dans ce qui nous a tant manqué : du lien social, une éducation sans stress, de la nature en ville, de la culture…

Encore plus avec la crise sanitaire, notre Ville doit engager des investissements ambitieux, pour répondre aux besoins de nos concitoyens et en prenant le tournant de la transition écologique. C’est aussi ce que nous lisons dans ce compte administratif, avec différentes études pour les aménagements structurants de notre ville : des rénovations d’écoles pour que nos enfants soient mieux accueillis, des travaux dans les équipements de proximité, des squares et parcs réaménagés pour permettre un accès à des ilots de fraicheurs et à la nature. Si notre ville était retenue comme Capitale Française de la Culture, ce que nous souhaitons évidemment toutes et tous, cette projection dans un monde qui nous a tant fait défaut n’en serait que plus rapide et sereine.

Bien sur, c’est avec le Budget Prévisionnel 2021 et les suivants que nous amplifierons les transformations nécessaires pour s’adapter peut-être au monde qu’on a pu appeler le monde d’après mais qui sera surtout ce que nous en feront, s’adapter donc plus surement à la ville désirable et solidaire que nous voulons !

Et pour paraphraser la récente tribune VIVA du président de groupe que vous êtes aussi, M. l’adjoint aux finances, nous redisons ici que le pessimisme n’est pas une option et que nous traverserons ensemble cette épreuve. Nous voterons ce compte administratif.

Je vous remercie.

Seul le prononcé fait foi.


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