Conseil municipal du 3 juillet 2023
R. 2023-161 Décision modificative n°1
Intervention commune portée par les groupes Les Écologistes, Socialistes et citoyen·nes villeurbannais·es, Villeurbanne Insoumise Ensemble !, Communistes et républicains, Cercle radical et place publique et Génération·s par Antoine Pelcé
Monsieur le Maire, chères et chers collègues, Mesdames et Messieurs,
Cette première décision modificative vient confirmer les orientations prises par le budget primitif pour l’année 2023, voté en décembre dernier. Avec une politique volontariste en matière d’investissements notamment dans les études préalables et la construction d’équipements publics nouveaux, ainsi que l’adaptation du patrimoine municipal existant au changement climatique.
Ce volontarisme est d’autant plus notable que les collectivités sont prises en étau entre une véritable crise de la construction qui s’installe et un manque de visibilité sur leurs ressources financières.
Le secteur du bâtiment rencontre une série de difficultés, liées à l’explosion des coûts du foncier, des matières premières, des taux d’intérêts, combinés avec le manque de main d’œuvre.
La demande privée s’est contractée sous la pression de taux d’intérêt élevés et l’augmentation des incertitudes sur la rentabilité des investissements. La spéculation montre ses limites, et tout un écosystème s’en retrouve déstabilisé : en bout de chaîne, la production de logements neufs ralentit et, avec elle, celle de logements abordables. Avec près de 100 000 emplois menacés dans le BTP (15 000 rien qu’en AURA) d’après la Fédération Française du Bâtiment, on ne peut que s’inquiéter de la capacité du secteur à répondre aux enjeux colossaux de rénovation thermique de bâtiments, d’investissement dans des infrastructures essentielles et de logement digne pour les ménages les plus fragiles, pour ne citer que trois défis liés à la transition écologique.
L’infrastructure de la construction performante et de la rénovation se retrouve fragilisée au moment crucial de l’engagement des transitions dans le secteur du logement.
La demande publique pourrait relancer une machine qui s’est grippée, or ce n’est pas du tout le signal envoyé par le Gouvernement.
Les conclusions rendues à l’issue du CNR Logement ont réussi l’exploit de décevoir l’ensemble des acteurs de la construction, du logement et de la solidarité.
À l’exception de quelques mesures palliatives, le gouvernement ne propose rien d’autre que la réduction de la dépense publique, et avec elle l’espoir d’un « New Deal » en matière de logement.
La balle est explicitement renvoyée aux collectivités territoriales, paradoxalement sommées dans le même temps de réduire leurs dépenses tout en subissant des hausses erratiques de leurs dépenses contraintes, et ce sans aucune compensation. La récente augmentation du point d’indice des salaires, dont on se réjouit pour les agents publics, n’en affecte pas moins les dépenses des collectivités, d’autant que celles-ci n’ont pas été concertées en amont.
Dans ce contexte peu encourageant, maintes fois déploré, la conviction que les collectivités peuvent impulser une relance qui réponde durablement à l’urgence sociale et écologique reste intacte.
L’investissement public, a fortiori celui des collectivités, favorise la mieux-disance sociale et environnementale tout en créant la richesse dont les fruits sont directement affectés au bien commun et donnent de la substance qui manque aux slogans désincarnés du Gouvernement.
« La confiance se gagne en gouttes et se perd en litres » disait Jean-Paul Sartre; en ces temps de sècheresse, la moindre goutte de confiance de l’État envers les collectivités sera des plus bienvenue.
Seul le prononcé fait foi.