Tribune parue dans le magazine Viva #367 de février 2024
Il y a 70 ans, l’Abbé Pierre lançait un appel parce que 2 000 personnes étaient sans abri en France. Aujourd’hui, ce sont plus de 300 000 personnes qui ne savent pas où dormir, dont près de 3 000 enfants.
C’est dans ce contexte que depuis quelques semaines le CCVA abrite plusieurs familles.
Face à l’urgence, cette mise à l’abri précaire, qui a indéniablement impacté la vie associative, a été tolérée par la ville et témoigne de la tradition d’accueil de Villeurbanne.
Mais ne nous y trompons pas : ce droit inconditionnel à l’hébergement revient d’abord à l’État qui doit garantir la sécurité de sa population. Les dizaines de places annoncées récemment par la Préfète et la seule considération financière ne suffiront pas face aux besoins croissants et au refus de réquisitionner les logements vacants (6 000 sur la métropole de Lyon).
Compter sur la bonne volonté et l’engagement des collectivités locales ne dégage pas l’État de sa responsabilité.
Celui-ci doit mesurer les enjeux actuels : déplacements de populations lié au changement climatique et aux guerres, prix élevé des logements privés, pénurie de logements sociaux… Les politiques d’accueil et d’hébergement d’urgence ne sont pas un supplément d’âme donnant bonne conscience, elles sont un devoir envers toutes et tous. Sans l’État, les collectivités seules ne peuvent pas faire face.
Depuis 2020, face au sans-abrisme et au mal-logement, la Métropole de Lyon a fait le choix de l’hospitalité. En y consacrant 60 M€, elle est passée de moins de 60 personnes hébergées en 2019 à plus de 3000 personnes dont 1/3 relève de la compétence de l’État.
La ville mobilise de façon transitoire les locaux identifiés vacants, mène des échanges réguliers avec les collectifs de terrain et veille à ce que les conditions sanitaires restent toujours dignes. À l’heure où une ligne brune a été franchie avec la loi immigration, notre Ville et notre Métropole nous font honneur en faisant en sorte d’accueillir dignement les populations vulnérables.