Lutte contre les discriminations : continuons

Conseil municipal du 13 novembre 2023

Comm 2023-385 Présentation du rapport annuel de l’action en matière de lutte contre les discriminations de la ville de Villeurbanne
Intervention commune de la majorité portée par Antoinette BUTET du groupe Communiste et Républicain

Il y a 40 ans, quelques personnes entreprirent de traverser le pays à pied pour dénoncer le racisme qui sévissait en France. Une jeune Villeurbannaise de 21 ans, habitante du quartier Olivier-de-Serre, a fait tout le voyage, de Marseille jusqu’à Paris.

Cette mobilisation était appelée « marche pour l’égalité et contre le racisme », et non « marche contre les discriminations raciales ». Cette distinction peut sembler anodine, mais elle est pourtant importante. Le terme « discrimination » est apparu dans le vocabulaire de l’action publique au détour des années 80/90.

Les discriminations sont des traitements défavorables sur la base de critères socialement inacceptables. Elles sont donc produites par des causes sociales profondes : racisme, sexisme, validisme, pour n’en citer que les principales. Autrement dit, elle sont autant de reflets des rapports de domination et d’exploitation qui structurent notre société encore largement inégalitaire.

Le rapport qui nous est présenté ce soir en est une illustration : les valeurs d’égalité et de fraternité sont profondément ancrées dans notre Ville, bien que celle-ci s’est engagée depuis de nombreuses années dans la lutte contre les discriminations, les inégalités demeurent.

Le rapport de situation comparée des agents est  sans appel : certaines catégories sociales sont défavorisées. Nous le savons de longue date, les femmes sont moins bien payées, par la combinaison de multiples facteurs : elles sont plus nombreuses à travailler à temps partiel, plus nombreuses aussi dans les catégories les moins rémunérées ; mais, à statut égal, à temps de travail égal, à filière égale, elles sont de toutes façons moins bien rémunérées que leurs homologues masculins. Des mécanismes similaires existent pour les personnes racisées et celles avec un handicap déclaré.

Ce que nous soupçonnions jusqu’alors nous pouvons désormais l’observer grâce à une innovation, et c’est une première en France : Villeurbanne a choisi d’intégrer ces facteurs au rapport des situations comparées.

Ces situations ne sont évidemment pas intentionnelles. Depuis de nombreuses années, la ville de Villeurbanne lutte contre les inégalités, alors comment expliquer la persistance de telles différences ?

Tout simplement parce qu’en tant qu’employeur, notre ville reflète les inégalités sociales existantes par ailleurs.

Autrement dit, tant que notre société sera structurée par le patriarcat, le racisme, le validisme, les inégalités qui en découlent se retrouveront à tous les niveaux. En tant que majorité progressiste, c’est notre devoir que d’assumer cela ; mais cela ne signifie pas pour autant qu’il n’y ait rien à faire. Au contraire : car s’il est vrai que notre ville reflète des inégalités qui la dépassent, il est également vrai que son action les amoindrit.

En voici un exemple très concret : du fait de la différence de rémunération entre les hommes et les femmes en France, on estime que ces dernières travaillent gratuitement depuis le 6 novembre. Avec le même mode de calcul, on peut estimer que les agentes de la ville ne commenceront leur travail gratuit qu’à partir du 28.

Ce n’est évidemment pas satisfaisant, mais c’est aussi la preuve que Villeurbanne est en avance dans ce domaine.

Les efforts que nous faisons depuis des années vers plus d’égalité portent leurs fruits : continuons dans cette voie !

Je vous remercie.

Seul le prononcé fait foi


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