Conseil municipal du 15 décembre 2023
R-2023-441 Expérimentation de la semaine de 4 jours
Intervention commune pour l’ensemble des groupes de la majorité par Zémorda Khélifi
Monsieur le Maire,Chers collègues,
Je prends la parole aujourd’hui au nom des groupes de la majorité pour évoquer une expérimentation qui, je crois, mérite toute notre attention et notre considération : la mise en place de la semaine de travail de 4 jours au sein de notre collectivité.
Cette mesure, bien que nécessitant un bilan pour en mesurer les avantages et les limites, présente des avantages significatifs, Monsieur l’adjoint en a dénombré certains, j’en retiendrai trois.
Le 1er, est celui de l’attractivité, pour que Villeurbanne puisse continuer à recruter sur les nombreux postes en tension.
En adoptant des politiques favorables à l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, notre collectivité peut devenir plus attractive pour les futurs agentes et agents. Cela renforce notre capacité à recruter et à fidéliser des talents qualifiés. Le rapport annuel de l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires (ANCT) indique que les politiques en faveur de l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle renforcent l’attractivité des collectivités en tant qu’employeurs.
Le 2e avantage est celui de répondre aux enjeux de bien-être et d’amélioration des conditions de vie au travail.
Les retours d’expérience dans d’autres structures, entreprises ou collectivités locales démontrent sans ambiguïté les effets spectaculaires sur la réduction des arrêts maladie, l’amélioration de la santé mentale et physique, car une semaine de 4 jours, c’est du temps pour se déconnecter de nos modes de vie connectés.
Un 3e avantage, loin d’être le plus négligeable est la réduction des inégalités de rémunération entre les femmes et les hommes.
Les agents travaillant à temps partiel sont très souvent majoritairement des femmes. Au sein de notre collectivité, ce sont potentiellement 120 femmes qui pourraient repasser à temps plein et ainsi récupérer l’intégralité de leur rémunération, tout en maintenant leur temps de travail sur 4 jours, et améliorer leur future pension de retraite (car rappelons-le, aujourd’hui, les pensions de retraite des femmes sont 30 % inférieures à celles des hommes).
Des avantages, il y en a bien d’autres : amélioration de la créativité, de la productivité, réduction des gaz à effet de serre (une étude démontre au Royaumes-Unis que cette réduction des GES est de 20 %). D’ailleurs plusieurs entreprises se sont converties au 32h depuis longtemps et Villeurbanne est bien placé pour connaître les vertus de la semaine de 4 jours puisque l’entreprise LDLC l’expérimente avec succès depuis plusieurs années.
Je reviendrai néanmoins sur les limites et nos points de vigilance un peu plus tard.
L’industrialisation, les nouvelles technologies de l’information, du numérique, puis plus récemment les contraintes dues au Covid pour le meilleur et pour le pire, ont fait émerger des possibilités d’organisation qui peuvent répondre aux mutations silencieuses/sous-jacentes du travail. Gardons en le meilleur :
travailler mieux pour vivre mieux, en articulant différemment nos temps de vie.
La semaine de 4 jours, ce n’est pas encore « travailler moins », car le temps de travail et le service aux usagères et usagers restent inchangés. Mais le gain de confort pour l’organisation de la semaine est indéniable et parfois immense. Avoir un jour de libre c’est avoir le choix, la liberté, de pouvoir emmener ses enfants à l’école le matin, se permettre un temps d’échange autour d’un goûter après une journée d’école, et même déjeuner avec eux une fois dans la semaine ! Ou encore être plus présents auprès de ses parents âgés ou d’un proche en situation de handicap. C’est l’occasion de diminuer ses coûts et son impact environnemental. C’est l’opportunité de pouvoir avoir un engagement associatif plus soutenu ou régulier, une activité à soi, physique, artistique, de solidarité, qui permet de s’enrichir, de s’ouvrir, de se rencontrer, de s’épanouir.
Travailler moins de jours, avec moins de stress, pour être plus épanouï·e dans sa vie et son travail, c’est une partie du projet de société que nous défendons et que nous appliquons lorsque nous sommes aux responsabilités. Au sein de notre collectivité, la réduction du temps de travail n’est malheureusement pas possible du fait de la loi de transformation de la Fonction Publique, mais notre projet de société, c’est aussi une semaine à 32 heures !
Mais évidemment, un tel bouleversement nécessite d’expérimenter, sur la base évidente du volontariat. Il faudra en particulier faire un bilan approfondi auprès des agentes et agents qui se seront saisi de l’opportunité. Nous devrons en particulier analyser comment les 4 journées, de fait allongées, sont vécues dans la durée. Car allonger les journées de travail peut être plus difficilement vécu par certains.
Si notre collectivité n’est pas en mesure de le décider pour l’heure, nous espérons que le gouvernement aura le courage de remettre le sujet de la réduction du temps de travail, à l’agenda social.
Déjà l’Union Européenne regarde avec intérêt les expérimentations autour des 32h, le commissaire européen à l’emploi s’est dit ouvert à une réflexion sur leur facilitation et leur extension et par ailleurs, l’adaptation des services à une semaine de 4 jours nécessite une planification minutieuse pour assurer la continuité des services et l’usager peut trouver un réel avantage à ce mode d’organisation, en cas d’horaires d’ouverture élargis. Nous serons vigilants à ce que l’impact sur la qualité du service public ne soit pas dégradé.
Pour finir, nous saluons le travail RH et de dialogue réalisé, et nous partageons la joie et la fierté de concrétiser cette avancée sociale à Villeurbanne, comme cela a pu être le cas au sein de notre majorité à la Métropole de Lyon !
Seul le prononcé fait foi.