Un budget 2025 responsable et prudent

Conseil municipal du 18 décembre 2024

Rapport 2024-393 Budget Primitif 2025

Intervention commune des groupes de la majorité faite par Jacques Vince

Monsieur le Maire, chers collègues, chers habitantes et habitants de Villeurbanne.

Le vote d’un budget primitif est toujours un moment marquant pour une Collectivité. Et l’actualité nationale récente nous a aussi rappelé à quel point c’était aussi un moment politique.

Avant de le soumettre au vote, établir un budget est un exercice technique. Mais derrière la technicité il y a des choix politiques.

Ces choix sont évidemment orientés par nos engagements pris devant la population en 2020, mais ils le sont aussi par la vie quotidienne des Villeurbannaises et Villeurbannais dans un contexte d’adaptation à des crises structurelles, sociales, climatiques, environnementales, et même, et nous nous en serions bien passés, à des crises démocratiques.

Puisque c’est un acte politique, au sens noble du terme, il nous appartient de montrer que derrière des tableaux de dépenses et recettes, derrières des histogrammes et diagrammes circulaires, derrière des acronymes souvent énigmatiques pour tout un chacun, le budget a des impacts concrets sur la vie des habitants, à court et à long termes. C’est tout l’exercice pédagogique qui nous incombe, et Jonathan BOCQUET a largement commencé le travail. Qu’il en soit remercié. Je vais humblement le poursuivre. Et comme mon petit camarade, je vais essayer d’être à la hauteur.

Je voudrais aussi profiter de cette intervention pour, au nom des groupes de la majorité, remercier l’ensemble des agentes et agents qui ont travaillé à mettre en œuvre nos choix, apportant la technicité et les compétences qui transforment une idée en réalisation. Les allers et retours entre état des lieux et impacts potentiels de telle ou telle orientation ont été nombreux. Je salue donc ici la réactivité et la capacité d’adaptation de nos services.

Avant d’entrer dans le détail, il n’est pas prétentieux d’évoquer la méthode collective que nous avons adoptée. Certains étaient sceptiques sur notre capacité à construire cette méthode. Beaucoup la trouvent finalement séduisante, même si elle reste encore perfectible.

Il y a quasiment un an, la majorité municipale a entamé un travail collectif d’arbitrage (nous étions loin d’imaginer ce qui allait nous arriver avec le PLF), essentiellement sur nos dépenses de fonctionnement.

Ces échanges ont permis de ne pas appliquer une diminution uniforme pour toutes les politiques publiques. Certaines ont bénéficié d’une forme de sanctuarisation convenue en commun. Toutes nos politiques publiques ont, in fine, été arbitrées selon des critères établis collectivement.

On peut citer parmi ces critères :

  • le service rendu aux habitants, en pensant d’abord aux plus modestes,
  • la préservation des services de proximité,
  • la qualité de vie au travail des agentes et agents,
  • la transition écologique qui prépare notre futur.

Nous avons aussi veillé à préserver autant que possible les actions qui donnent lieu à du co-financement, pour permettre un effet démultiplicateur à nos dépenses. Ce travail nous a permis non seulement d’agir en conscience et en faisant des choix politiques rationalisés, mais également d’anticiper. Et anticiper, dans la période incertaine que nous vivons, n’est pas simple. Nous pouvons supposer que les jours à venir ne seront pas forcément plus heureux pour les Collectivités, vous l’avez aussi évoqué, Monsieur le Maire.

Lors du Débat d’orientation budgétaire du mois dernier, notre majorité présentait une prévision d’augmentation des dépenses de fonctionnement de seulement 0,77 %, afin de préserver des ratios financiers confortables.

Or, la prise en compte des éventuels effets du Projet de Loi de Finances, et même si celui-ci est pour l’instant caduc, mais pourrait revenir sous une autre forme, nous a conduits à affaiblir ces ratios en ajoutant 4,7 millions d’euros à nos dépenses de fonctionnement d’une manière globale, en intégrant l’augmentation du taux de la Caisse Nationale de Retraite des Agents des Collectivités Locales pour 1,1 million et le fond de réserve de 3,6 millions. C’est 2 % de nos recettes de fonctionnement. Cette augmentation monte à 3 %, Jonathan BOCQUET vient de le rappeler.

Nous n’allons pas ici refaire le procès de ce PLF mort-né, qui aurait demandé aux communes de plus de 100 000 habitants un effort qui aurait représenté 29 % de l’effort national quand elles ne représentent que 15 % de la population française. Mais si ce PLF est mort, nous nous méfions de ses semblables à venir. Nous avons tenté de limiter l’impact sur la qualité des services publics, qu’ils concernent le périscolaire, les sports, la culture… Plus rationnels et responsables que le gouvernement éphémère sortant, nous n’avons pas non plus renoncé à nos engagements en matière de transition écologique et de décarbonation.

Au-delà de ces considérations méthodologiques et des lignes de force de nos choix, je souhaiterais m’attarder sur quelques points emblématiques de ce budget.

Le budget des fluides baisse fortement (moins 14 %) suite à la baisse structurelle du prix de l’énergie après le bond historique des années 2022 et 2023. Cette baisse est aussi le résultat d’une réussite collective des usagers et des personnels pour changer les pratiques à confort similaire. Cette baisse du budget est également liée aux efforts de réhabilitation de notre parc et au raccordement au réseau de chauffage urbain de trois bâtiments qui participent de façon significative à l’allégement du budget énergie. Cet investissement, volontariste depuis le début du mandat, de réhabilitation thermique de notre patrimoine contribue à remplir trois objectifs : la préservation des bâtiments, le confort été – hiver des usagers, et un budget de fonctionnement maitrisé.

Nous saluons l’effort du budget alimentation qui, malgré une hausse de fréquentation, faible, mais réelle, malgré l’inflation et l’augmentation des matières premières, reste constant ; et ce grâce à un travail sur le gaspillage alimentaire associant les personnels, et les petits et grands usagers. Comme quoi, la recherche individuelle et collective de sobriété et d’économie n’est pas toujours punitive, elle peut aussi avoir du bon pour l’environnement, et pour le porte-monnaie.

Nous n’avons pas non plus à rougir de notre contribution à lutter contre le sans-abrisme, venant une nouvelle fois compenser les défaillances récurrentes de l’État. Cette lutte fait partie de nos actions sanctuarisées, avec un doublement du budget que nous y consacrons.

Pour finir sur la partie dépenses de fonctionnement, nous souhaitons évoquer le plus gros budget de la Ville, le budget RH. 2025 sera l’année du dépassement des 100 millions d’euros pour ce budget. Il s’élève à plus de 59 % des dépenses totales, mais, s’il augmente en valeur absolue, il diminue légèrement en valeur relative. Plusieurs créations de postes sont la marque du développement de nos services.

Les efforts d’attractivité portent aussi leurs fruits au niveau de la police municipale où 64 postes sont effectivement pourvus, soit plus du double de celui observé en début de mandat. La stratégie locale de sécurité et de prévention de la délinquance doit porter ce nombre à 75 d’ici à la fin du mandat, selon notre engagement, une présence humaine d’autant plus indispensable que Villeurbanne doit tenir bon face au trafic de drogues et au climat d’insécurité que celui-ci amène sur notre territoire, en tenant l’équilibre entre répression et prévention, équilibre auquel nous restons très attachés. Comme la police municipale, la médiation sociale fait d’ailleurs partie des actions que nous avons sanctuarisées.

L’ensemble des subventions de la Ville connaît une baisse dans tous les domaines. Cet effort demandé à chaque association de la Ville, et nous avons conscience que cela peut être parfois douloureux, permet de ne pas supprimer de manière arbitraire telle ou telle subvention aux associations, mais de continuer à toutes les accompagner tout en préservant la santé financière de la Ville.

Parlons maintenant d’investissement.

Pour le développement et l’amélioration des services publics sur notre Ville, pour assumer l’évolution démographique de notre ville, 163 000 habitants aujourd’hui, et malgré une baisse par rapport à l’année dernière, ce budget reste très élevé : 90 millions d’euros.

Ainsi, plus de 18 millions sont orientés vers l’enfance, le scolaire et la restauration. On peut aussi citer la rénovation thermique des groupes scolaires et gymnases Léon-Jouaux et Jean-Moulin, qui auront des effets positifs sur nos dépenses à terme. Mais je voudrais mentionner ici, dans le secteur scolaire, la construction du groupe scolaire Niki de-Saint-Phalle, le mandat relatif à la restructuration lourde du groupe scolaire Croix-Luizet, l’extension et la surélévation du groupe scolaire Camus, l’achèvement du groupe scolaire Simone-Veil, et pour finir cette liste à la Prévert, la construction du futur groupe scolaire du même nom, cela ne s’invente pas…

Pour la qualité du service public d’éducation, ces investissements sont nécessaires et nous en faisons une fierté.

Les équipements sportifs et culturels continuent également à être améliorés et/ou réhabilités pour un total de plus de 12 millions d’euros : la réalisation du complexe sportif Alice-Milliat dans la ZAC Carré de Soie, l’extension et la rénovation du complexe sportif Dominique-Matéo en témoignent notamment.

Plus de six millions d’investissements seront accordés à l’aménagement des parcs et espaces verts, avec deux gros projets importants : la requalification des parking, skate-park et square Raphaël-de-Barros (1,6 million), création du parc Roger-Planchon / ACI (1,8 million). Ces projets de végétalisation et création de parcs participent à la fabrique de la ville de demain, respirable, fraîche, ombragée, avec des lieux de jeux et de convivialité.

Malgré un contexte national extrêmement compliqué et difficilement compréhensible, la Ville de Villeurbanne tient donc le choc en construisant un budget responsable qui permet d’accompagner les évolutions législatives obligatoires et les investissements locaux nécessaires.

Alors même que le pays a besoin de carnets de commande remplis pour remettre en route la machine économique, l’État serre la ceinture aux Collectivités, qui sont les premières actrices d’une commande publique ambitieuse, comme nous venons d’en faire la liste. Soutenir les Collectivités, ce n’est pas seulement prendre un avion pour présider un Conseil Municipal à l’autre bout de la France quand on est Premier ministre. Nous attendons des actes d’une tout autre nature.

Nul besoin de rappeler ici que le déficit public a été très majoritairement creusé par l’État, mais la contribution demandée aux Collectivités dans le cadre de l’effort budgétaire est de nature à déstabiliser leur capacité à assumer les compétences que ce même État leur dévolue.

Le budget de la puissance publique peut et doit amortir les accidents de conjoncture, mais c’est bien fondamentalement à l’activité économique de financer les infrastructures communes dont elle bénéficie (réseaux de transport, éducation et formation, santé…). En ces temps de disette budgétaire, après les baisses inconsidérées de recettes fiscales et sociales, il est essentiel de le rappeler ici.

Voici donc, et ce sera la conclusion, le message que nous pouvons envoyer au futur gouvernement.

Si les efforts sont à la fois partagés et justes, en tant que Collectivité, nous sommes prêts à y contribuer, tout en maintenant le niveau de service attendu par la population. Ce budget responsable et prudent en est la meilleure des illustrations. Il est temps d’entendre que les Collectivités ne sont pas des puits sans fond dans lesquels on viendrait se servir sans conséquence, mais des fabriques du service public du quotidien, et que le service public, c’est la richesse de ceux qui n’en ont pas.

Je vous remercie.

Seul le prononcé fait foi


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